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  >>>  trace 6. Tè pété / tèt pété : déconstruction. Dimanche 22 janvier 2017 - Saint-Pierre

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Corps d'homme, corps de volcan... c'est kifkif bourricot ! Quand ça explose, ça explose !  L'écrit se fait autour de nos pierres, de nos laves, de nos folies tout en s'inspirant de la tragédie de Saint-Pierre, de ses nuées ardentes qui locka la ville in syndrome. Comment regarder l'en-dehors pour entendre résonner des échos de son en-dedans ? C'est sur cet allé-viré entre folie des éléments et folie intime que l'atelier se concentre.

Isabelle Kanor

avec Marie-France, Sonny Fabienne, Véronique Clara, Christelle, Michel Evelyne, Sophie...   

Si j'étais un cri...
à la verticale de Saint-Pierre

.

 

Tout le monde a poussé un cri, un bruit au commencement de l'en-ville maudit. Tous sauf Michel et  Marie-France qui ont boudé. Il est des cris qui ne surgissent que dans l'insu.  Dimanche s'arrête pour nous laisser passer.

 

Il y a désann Saint-Pierre et monter Saint-Pierre. C’est l’option 2 qu’on choisit de prendre ce matin en envisageant Saint-Pierre dans sa verticalité. Pas de front de mer, ni de rue plate et rectiligne. Dès la station Esso, on s’engage dans la deuxième à droite, là où le foutu, le déglingué, l’effiloché, l’inachevé, le recréé, le jailli, le récupéré, le krazé, l’écrabouillé, le laissé en suspens, le pas fini, le presque commencé nous encerclent et nous inspirent. Gaffe aux yeux derrière les fenêtres, aux cours prétendument calmes comme un lac, aux pots de fleurs sur tabourets et aux boites aux lettres bien plantées, tout cela pourrait  bien ne durer que l’espace d’un battement d’ailes. Le chaos est derrière la porte. On se rappelle que la ville a pété. Pété comment ? Pété pourquoi ? C’est tout le débat.

Mais il n’y a pas que Saint-Pierre qui implose. A l’Asile de Bethléem – qui est notre première escale- on se trouve, tous, une sacrée maladie. Burnout, démence, autisme, état de graine-l’église, déraison, mal de t'errance, skyzophrénie mystica... chacun invente et écrit ses affaires. Chacun a droit à une consultation for free dans le petit parc qui s’ouvre sur la rue de la Banque, déguisé en salle d’attente et en cour des grands miracles. « Chapeaux chinois » remarque Christelle avant de délivrer son ordonnance délirante. Sonny, elle, choisit de remettre sur pied de boeuf la santé mentale de Clara, laquelle Clara recommande à Véronique l’isolement extrême, la liquidation du monde matériel et l’auto-mise en quarantaine dans un ajoupa-à-vie. « Un chèque d’amour ! » C’est le remède que prescrit Marie-France à Michel. Pas dig’, c’est fastoche à accomplir ; suffit juste d’aller au mollet du volcan. Ca marche ! Ca marche si fort qu’on en oublie l’heure et que c’est à midi déjà qu’on reprend la balade, pardon : l’ascension, car naturellement, ça monte, ça monte dur, et encore. Jusqu’à la rue Bois Morin où, sommés de s’arrêter net et de fermer les yeux, les uns et unes se rappellent le 8 mai 1902 et accueillent au creux de l’oreille la parole soufflée de Missyé Placoly. Pétrifiés, figés, debout sur le vieux-vieux-vieux pavé, on se figure la lave, la fournaise, la vitesse du grand pété tè. Pété comment ? Pété pourquoi ? La question se ré-engrange et nous pousse à reprendre l’histoire par le haut. Il paraît que c’est parce qu’elle était une catin que Saint-Pierre a été mise en miette, que le Bondieu, après lui avoir offert mille fois de se racheter, l’a damnée salement et simplement. Les sœurs Evelyne et Sonny qui connaissent tous ces on-dit savent aussi chanter. Avec Véro, les voilà qui entonnent un tube de Mona -"Ki ou lé ki ou pa lé, fok man baw li kan mèm"- cependant que parvenus au bout du chemin, on cherche une roche ou un rondin où s’asseoir pour confesser, sur papier, son péché le plus incandescent et le brûler dans un foyer 3 roches improvisé. Notre folie consumée, nous tous parés pour redescendre dans l’en-ville, retomber rue du théâtre, « humer la mer, surfer sur la vague » comme l’écrivait Christelle rassembler ses textes, s’embrasser, « à la prochaine », « tu m’appelles ? », « j’boirai bien de l’eau de coco ». Dimanche peut commencer....

Conte, rendu by Fabienne Kanor.

extraits des œuvres lues pendant la trace 

Xavier Orville LE MARCHAND DE LARMES, 1985

Audrey Pulvar L’ENFANT BOIS, 2004

Aimé Césaire DORSALE BOSSALE, 1982

Maryse Condé LA COLONIE DU NOUVEAU MONDE, 1993

Raphael Confiant NUÉES ARDENTES, 2002

Widad Amra REGARDS D’ERRANCE, 2006

Monchoachi, LÉMISTÈ, 2012

Vincent Placoly FRÈRES-VOLCAN, 1983

Effe Géache UNE NUIT D’ORGIE A ST-PIERRE, 1992

Eugène Mona KI OU LÉ KI OU PA LE

Cocorico-prières !

Vois les carcasses en offrande dans cette ville qui s'étale devant moi ! Elle renait la ville, donc je peux renaitre au milieu de ces ruines qui me rappellent ma déchirure. Respirer la mer et surfer sur la vague : il n'est jamais trop tard.

Cocorico !

Je me sens envahie.

Cocorico !

Ma maison brûle, bat, broie, mange, vampirise, m'empêche !

Racines de rada, racines de citron, magma d'amour :

sa chô !

Je tombe.

Il faut.

Je préfère.

Il faut.

Dans la gueule du lion, il n'y a plus d'eau.

J'entends l'espace tout à l'intérieur. Serais-je David contre Goliath ? Et puis, il y a ces moments où l'on sent que l'on remonte, étant donné que je suis devenue un personnage secondaire. Rachitique, mais gai. Un coeur, une croix.

Répéter, répéter, répéter : coeur, croix.

On me dit ça aussi. Et on me voit marcher -schizophrénie mystica- vers les cathédrales-volcans lavées de leur secret, en paix, libérée, en paix.

Pendant les restitutions, Fabienne K a attrapé à la volée des phrases de chacun. Sans mots ni sucres ajoutés, ça donne le

Texte de l'atelier

animatrices Fabienne & Véronique Kanor

conceptrice Isabelle Kanor

               Le labo des Lettres

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