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Si nous étions un geste et une matière…

 

Matière d’étoile, geste d’ouverture, coucou de la main, matière douce… Nous étions tout ça en posant le pied dans la Fondation Clément pour visiter, décortiquer l’expo d’art abstrait qui se tenait là.

 

« J’aime pas l’art abstrait… C’est pour ça que je suis venue ! » affirme l’une. « Moi, c’est un peu pareil », avoue une autre. Il y a des mots qui sont un peu trop gros et qui font peur. Art abstrait est de ceux-là. Comme Jazz. Ca fait toujours bête de dire qu’on n’aime pas, qu’on ne comprend pas. Il y a toujours quelqu’un pour dire « Ah bon ?! Moi, j’adore ! » en nous regardant avec un air offusqué comme si on était le dernier des débiles. Et si on n’y prend garde, on finit vraiment par se trouver plus débiles que Boule et Bill alors que c’est normal de ne pas comprendre l’art abstrait… si on cherche à le comprendre ! 

 

Nous, matières poreuses à nos sensations aux gestes simples de ceux qui revendiquent ne pas savoir, nous sommes entrés par la porte de nos émotions, de nos ressentis dans Soulages, Laouchez, De Stael, Hartung et des autres. Nous les avons pris comme des miroirs toutes ces toiles accrochées. Miroir déformant ou bien poli, parfaitement nettoyé ou tout piqué, eau trouble ou trou noir… Quel reflet de soi ? On a cheminé comme dans une forêt de piébwa majestueux. On a ouvert nos yeux. "C'est extraordinaire comme expérience !" murmure Christine une fois revenue au réel. Les yeux ouverts, nous avons surpris de la lumière, même dans les ombres. Nous avons attrapé une ou deux révélations. Parfois nous passions notre chemin, parfois, nous restions sizé. Mais toujours nous avons trouvé un mot pour dire ce que nous ressentions… Parce qu'au final c'est avec le coeur que l'on comprend le mieux les couleurs et les formes, les matières et les gestes posés par un artiste. 

Conte, rendu by manzelKa

avec Camille, Sophie Marie-France, Sonny Christine, Fabienne Janine, Irène venue de l'espace...

 

et celui de Fabienne, "Toi et moi",

mis en vidéo par René.

extraits des œuvres lues pendant la trace

Nadols, MIKKAD'S MENTOR

Frantz Fanon, LES MAINS PAPARALLES

Julienne Salvat, NUIT CRISTAL

Monchoachi, LÉMISTÈ, 2012

Gisèle Pineau, MES QUATRE FEMMES, 2004

Véronique Kanor, COMBIEN DE SOLITUDES..., 2013

Aimé Césaire, NEGRE JE SUIS NEGRE JE RESTERAI, 2005

Pendant que les écrivants lisaient leurs productions, Isabelle s'est livrée 

à l'exercice singulier de noter leurs phrases, leurs mots... pour les

assembler en un texte original restitué à la toute fin de l'atelier. C'est ça

 

le Texte de l'atelier 

Puisque nous étions là.
Les lumières, ténèbres lumineuses.
Les fourches se cognent, délice d’un souvenir, orchestre de désirs.
Rien. Rien d’autre. Effacement progressif.
L’œuf, centre de dominance, cercle fragmenté, Opus 45. Frotissance des étoiles.
L’œil courroucé, vertigineux qui m’environne.
La sens-tu la morsure ?
Véhémence muette des hommes de terre, une spirale où se mêlent phallus à l’huile, feu, sang, gestes de matière organique, Carême.
Diables de mer dans le ventre de la mère, entrailles.
La sens-tu la morsure ?
Douceur immaculée, chemin d’astres. Une ligne, une seule, silence, pureté du désir. Rien. Rien d’autre.
Devine les rayons collés serrés, informes, obscurs mais clairs.
Le songe entre et vole au-dessus des sens, opalescence.
Je vois l’absence, espace de la marée basse avant une renaissance au matin du 15.12.61.
Infini du tout. Miroir sans noms, vide archaïque. Abandon.
Des frappes de suie, derrière le rideau de fer, des apparences trompeuses sur fond de nuages. Vomissez !
L’œuvre dérape, les gestes sont précis. Le matin a chuté misérable dans son vomi.
Des petits bouts de matin trainent inconscients entre les masses pleines au-delà de la toile...

Expression abstraite, une histoire au bout d’étoiles.
L’impitoyable orage éclate au cœur de la matière. Se dessine une fenêtre. Quelle sombre inspiration !


Mon corps au son, ventre creux, révolte face meurtrie : je suis de composition horizontale, diagonale, moelleuse.
Un peu de...
Un peu de...
Un peu de...
Beaucoup de.
Et du noir pour faire scintiller mes ténèbres.
Puis le corps au centre de tout, genèse de l’Homme, paradis perdu. Et me voici suspendue à un mot. Atelier d’écriture, on me demande d’écrire ; courbes, lignes, ratures, couleurs. Les lignes partent. Enfer et bénédiction des correspondances au sablier des jours.
Me voici, là.
Dans un rêve impossible à me rappeler.
Tu permets que je t’appelle Nicolas ? Création de chair ou pictural  : quel accouchement !
De la danse à la danse des corps emmêlés et le corps se démêle au figuré dans toutes mes écorchures et mes invraisemblances.
Notes de chant. Mmmm mmmmm mmmmm mmmm…
Un paysage entre sel et eau. Il n’est pas celui que je préfère mais c’est celui qui me ressemble.
Et me voici, là, en inclinaison. Face à face.
L’œil jeté par la fenêtre, œil qui parle comme un coup d’zié. Troisième œil dans la fenêtre blanche, assemblé, désassemblé.
Le rideau qui se lève, un œil, un seul, misérable jusqu‘au sang.
Ce matin il fait beau. Il est encore tôt, l’heure de nous-mêmes.
En face à face. Toi et moi. Moi au corps noir, le corps hésitant. Toi. Moi.
Dispute vespérale.

Promiscuité.

animatrices

Isabelle Kanor

Véronique Kanor

conceptrice

Isabelle Kanor

Le Labo des Lettres

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