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 >>>  trace 25  Retour en enfance  Bois de l'Espérance, 3 Ilets. Dimanche 27 mai 2018

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S'amuser avec les mots à travers des petits jeux. Retrouver son enfance à travers des souvenirs. Voyons voir comment, subtilement, cette forêt deviendra un contexte pour les écrits. Cet atelier explorera l'enfance non seulement en tant que thématique mais également en tant qu'outil d'écriture. Isabelle Kanor

Si tu étais un jeu d'enfant ?

 

Une balançoire pour aller et venir toujours plus haut ! Un tourniquet ! Zwèl seré ! 1-2-3-soleil pour suspendre le temps ! Un trampoline ! Marlène, elle, serait une salle de jeux entière avec des poupées, des culbuto et surtout des quilles "J'aime tomber, me relever, tomber, me relever, tomber, me relever" Et c'est ainsi, avec des billes en poche, que nous avons pénétré dans le bois de l'Espérance.

Des marches interminables creusées dans la terre du morne, arrêtées par des rondins fatigués. C'est quand qu'on arrive ? Ça tourne et on ne voit pas le haut.  Ça prend son temps de monter en enfance, de remonter le temps.

Et c'est en sueur que nous arrivons sur un sentier étroit entouré de branches, de troncs, de vert tendre. Toute la vie devant devant soi. Le soleil nous regarde d'un oeil cru. Il connait le début du chemin. Il en sait aussi la fin.

Pourquoi ceci ? Et pourquoi cela ? C'est quand qu'on arrive ?

L'enfance, quand elle surgit, a toujours des tas de points d'interrogation dans la bouche. Elle harcèle, veux comprendre, veut savoir. Ou peut-être veut-elle simplement écouter une histoire.

C'est quand qu'on arrive ? Le soleil a écrasé l'ombre, des cousins se collent à nos baskets, ca pique dans les herbes ! Plus on avance et plus le chemin nous ramène à nous-mêmes. A des mémoires. A celles dont on aurait aimé se souvenir. On a tout notre temps. On gribouille nos cahiers de mots, on fait des tâches sur des buvards. C'est l'heure de lire son texte. Qui commence ? On fait la plouffe.

- Marie, c'est toi l'andouille !

- Super ! J'adore les andouillettes !

Plus loin, les ruines d'un fort. Le château d'une princesse, d'une sorcière, de soldats de plomb ? A l'assaut ! On déchire une page de nos cahiers, on y écrit une question absurde, on la froisse en boule et c'est parti pour une balle aux prisonniers. On se balance nos feuilles, on rigole, on rate, on régresse... Ca fait du bien de s'amuser avant de reprendre le bic et de répondre à des pourquoi qui n'ont pas de parce que.

C'est quand qu'on arrive ?

Pourvu que ça ne soit jamais. Pourvu que le chemin de l'enfance dure toute la vie. Pourvu que le soleil ne s'éteigne jamais. Et pourquoi ils ont mis un interrupteur dessus, d'abord ?

Conte, rendu by manzelKa

avec Marie,

Pierrette,

Marlène,

Yasmine...

extraits lus pendant cette trace

LÉMISTÈ

Monchoachi. Editions Obsidiane 2012

UNE ENFANCE CREOLE,

Patrick Chamoiseau. Gallimard, 1994

UNE VIE A RIRE ET A PLEURER

Maryse Condé. Seuil, 1999

RUE CASE-NÈGRES

Joseph Zobel. Présence Africaine, 1974

pour régresser plus loin

TU C'EST L'ENFANCE

Daniel Maximin. Gallimard 2004

animatrices

Isabelle Kanor

Véronique Kanor

conceptrice

Isabelle Kanor

Le Labo des Lettres

Le texte de l'atelier

Ecrit sur le vif par Isabelle pendant que les écrivants lisaient leurs textes, le texte de l'atelier est composé uniquement de phrases glanées dans les lectures des participants.

Pourquoi Patrick a-t-il écrit une enfance Chamoiseau ?
Pourquoi tu dis population quand tu parles des gens loin, loin ?
Pourquoi les papas ne sont-ils pas des filles ?
Pourquoi la résine sent-elle si fort ?
Une roseraie, ça chante le matin ?
Pourquoi c’est rouge une rose ?
A quoi sert l’illusion ?
L’illusion est-elle nécessaire pour maintenir le couple ?
C’est quelle partie de la terre Italique ?
Pourquoi n’arrête-tu-pas d’imiter les autres ?
Pourquoi la maitresse demande-t-elle toujours de narrer ?
Pourquoi tu fais toujours la grimace quand tu dis nerf sciatique ?
Pourquoi nonobstant veut dire c'est-pendant ?
Pourquoi le monde marche-t-il sur la tête ?
Pourquoi les mirabelles sont jaunes ?
Pourquoi le mot inutile est-il utile ?
Comment avancent les yoles ?
Pourquoi dire Youpi quand on est joyeux alors que ca ne dure jamais ?
Pourquoi toujours dire yes, yes, yes ?
Pourquoi je ne peux pas écrire Hirondelle avec un Y ?
Pourquoi met-on des haches au cou des Hirondelles ?
Je marche.
Après une longue errance, c’est par ici, maintenant que je vais marcher sur le parcours de santé

des 3 Ilets. Chemins de traverse, forêt des cousins. Yo vèt, yo marron. Art tembé de la nature.
Après une longue errance, je suis enfant de Dieu, fille de la création.
Je marche, je teste mes racines.
Je suis sur la balançoire et je veux atteindre le ciel. Ce soir j’irai dans les étoiles.
Oui, je désobéis et je souhaite une chute vertical-road, yépa ! On y va !
Exploration magique, déférailler, sortie manège, expériationel, grand mitan. Point sans accent.
Ce soir ne crains rien, je m’envole près des étoiles. La lune nous remplit de bulles d’air.

La terre est ronde, pas d’angle mort et je joue avec mon Dalmatien. Le chemin est sinueux.

Le vent bouscule mon corps, les épines chatouillent.
C’est encore loin ?
Tonton Clotaire a rêvé cette jarre. Les rêves ne vous mentent pas, c’est la nuit qu’il faut aller à

leur rencontre. Les enfants derrière, je suis dans un cirque parade Winnie l’Ourson. Il fait rire, tous

les enfants ont les yeux ronds, ébahis :
Pourquoi tu pleures dans ton mouchoir ? Je ne veux pas les arrêter mes larmes. Les arbres captent les larmes.
Pourquoi les nuages pleurent ? Ils changent de forme, doivent quitter leur maman. C’est seulement de la rosée du matin, c’est de l’eau pure des blessures. Comme des îles caraïbes, l’eau des nuages gonflent les océans.
Rapidité, où cours-tu si vite ? Un jour un homme a pensé le soleil ne me suffit plus. Attendre ne me suffit plus. Attendre que le jour revienne, écouter le vent, déchiffrer les nuages ne me suffit plus.
Pourquoi la vie a ses mérites ? Parce que. Parce que rien n’est égal. Parce que. Parce que. Parce que les rites. Parce que.
A quoi sert l’illusion ? C’est voir le monde à tous vents pour grandir en fermant les yeux émerveillés. S’émerveiller.
Le mois de mai perturbe le cours du temps et pose les questions de l’Enfant.
Ritournelle :
Je pense à Malavoi. Je pense à mon couple. Couple essence. Naissance. Je pense à Max. Je pense à lui, à elle. Je pense à tous les chemins que je n’aurai pas le temps de prendre. Je pense à l’art de la guerre. Je pense que les grands carreaux sont faits pour écrire les petits maux. Je pense à rien. Je pense à rien sauf au plaisir de marcher. Je pense au fil de la vie, au sommeil qui craque. Je pense au bain de mer qui m’attend comme une récompense. Je pense que je dois être moi. Je pense que je m’enrichis. Je pense que je joue à Jane et à Tarzan avec mes frères et sœurs. Je pense que le Petit Poucet se serait perdu dans la forêt des Trois Ilets.
Je pense que je suis sur le bon chemin… Quand est-ce qu’on arrive ?
On arrivera dès que tu verras la mer. On arrivera quand les poules auront des dents. On arrivera aujourd’hui ou peut-être demain. On arrivera un jour ou l’autre ou pas. On arrivera c’est sûr.
Oui, et ?
Et comme les enfants, on a envie de courir.

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